dimanche 9 mai 2010

Bruegel, L’Adoration des Mages


Bruegel, L’Adoration des Mages, Londres, National Gallery, 1564.

Balthasar, Melchior et Gaspard.

Reproductions :
Une excellente copie

National Gallery

Une page avec des zooms

Suivons le texte de Daniel Arasse :

Premières impressions
Carnavalesque, p. 49
L’épiphanie signifie la reconnaissance universelle de l’Incarnation, p. 50.

Ici, l’inverse de la majesté, de la somptuosité
Les personnages, inquiétants, grotesques, comiques, pathétiques, etc.
Marie et Jésus sont un peu mieux, plus calmes…
« Son lange blanc l’enveloppe comme le fera son linceul », p. 53
Les armes des soldats…

Gaspar, le troisième roi, noir, imposant, majestueux, royal. Beau, traits fins, œil vif. Cadeau recherché.
« On voit mal les Noirs en peinture », p. 55
Deux imbéciles « pour faire contraste avec la beauté mal visible du roi africain », p. 56.

Pourquoi Bruegel a « épargné au roi le traitement comique qu’il fait subir aux autres tout en lui donnant une importance considérable dans la composition », p. 59.

Histoire :
Bien que les textes affirment depuis le début qu’un des Mages est noir, il n’en existe aucun en peinture avant 1460. Dès cette date, le roi mage noir devient très courant. Pourquoi ? Prise de Constantinople 1456. Besoin de passer par le sud, l’Afrique, pour aller à Jérusalem. Réactivation du mythe ancien d’un royaume éthiopien chrétien. Expédition de sept ans de l’envoyé du roi Jean II du Portugal. Royaume chrétien d’Ethiopie trouvé en 1494. P. 60-61.

Dès 1460, le Gaspar des Adorations est habillé plus luxueusement que les autres. Il est le plus jeune. Il est un peu à l’écart, p. 63.

Mais en 1564 (date du tableau), le royaume chrétien d’Afrique a perdu son aura mythique, les relations avec l’Ethiopie et le Congo sont devenues régulières, p. 75. Il n’y a donc plus de raison d’accorder une place particulièrement somptueuse à Gaspard.

Alors, pourquoi Bruegel a « épargné au roi le traitement comique qu’il fait subir aux autres tout en lui donnant une importance considérable dans la composition », p. 59.

Plusieurs hypothèses, pp. 64-75.

Finalement, nous nous intéressons à la dernière hypothèse :

« Bruegel a l’air de vouloir réactiver la valeur ancienne de la figure, de réactualiser, en d’autres termes, le prestige qui était le sien plus d’un demi-siècle plus tôt », p. 76 (vers 1500).
Cette Adoration (comme une autre de Bosch de 1500) « témoigne, face au milliers d’autres où s’inscrit la méconnaissance progressive de l’Afrique, qu’une autre voie était ouverte, une chance peut-être que l’Occident n’a pas su saisir. C’était avant. Avant le reste. Avant surtout que le développement de l’esclavage et la traite des Noirs n’encourage le développement de l’idéologie et du discours racistes qui en justifiaient la pratique », p. 77.



Daniel Arasse, On n’y voit plus rien. Descriptions, Paris : Denoël, 2000, « Un œil noir », pp. 47-79.

Sur les Rois mages, voir Allez Savoir, no 40, décembre 2007, pp. 14-15 (Pdf).

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